Dans un village vivait un pauvre fermier sans le sou. Pour soigner sa femme malade et nourrir sa famille, il avait dû s’endetter auprès d’un vieil homme très laid et très avare.
Le temps de rembourser le vieil avare était arrivé et le pauvre fermier ne savait comment faire.
Il avait une fort jolie fille qui plaisait beaucoup au vieux grippe-sou. Ce dernier lui proposa donc un marché : « Donne-moi ta fille en mariage et j’effacerai toute ta dette ».
Mais cette proposition horrifia autant le fermier que sa jolie jeune fille. Aucun des deux ne pouvait se résoudre à une telle extrémité.
L’horrible vieillard insista : « Laissons faire le hasard. Je vais mettre deux cailloux dans ce sac de toile : un noir et un blanc. Demandons à ta fille de piocher à l’aveuglette un des cailloux du sac. »
« Si elle pioche le noir, elle devient ma femme et ta dette est effacée. »
« Si elle pioche le blanc, elle pourra rester libre et ta dette sera effacée quand même. »
« Si ta fille refuse de piocher, tu seras jeté en prison. »
Cette discussion avait lieu sur un chemin qui longeait la maison du pauvre fermier et dont le sol était jonché de cailloux. Tout en parlant, l’abominable vieil avare s’était mis à ramasser des cailloux.
La jeune fille, qui avait l’œil vif, remarqua qu’il avait saisi deux cailloux noirs et les avait mis dans le sac.
Mais elle ne dit rien.
Le vieux prêteur tendit alors le sac à la jeune fille et lui demanda de piocher...
Sans rien dire, la jeune fille introduisit sa main dans le sac. Elle en sortit un caillou et, avant qu’on ait pu le voir, le laissa échapper par terre, maladroitement. Le caillou roula sur le sol et alla rejoindre les autres cailloux avec lesquels il se confondit.
— Ah, ce que je peux être maladroite, s’exclama la jeune fille ! Mais qu’importe : je vais sortir le caillou restant. Cela nous indiquera celui que j’avais pioché en premier.
Comme le caillou restant était noir, il fût entendu que le premier caillou était blanc.
Le vieil avare n’osa pas avouer sa fraude et la jeune fille put conserver sa liberté. En refusant de se contenter des solutions les plus évidentes, elle donna un dénouement fort avantageux à son histoire.